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La Processionnaire du pin

Pourquoi autant de nids de processionnaires dans les pins ?


Un papillon nocturne
C’est un papillon nocturne, Thaumetopoea pityocampa qui est à l’origine de ces chenilles lorsque la femelle enrobe de ses œufs des aiguilles de pin en juillet et août. Les chenilles éclosent à la fin de l’été et tissent un premier abri de soie à l’extrémité d’un rameau. Au fil de leur croissance elles changent de logis et construisent cette grosse bourse très visible qui contient toute la colonie (100 à 250 chenilles).
L’auto-défense des arbres
Après leur éclosion, les chenilles commencent à grignoter les feuilles. L’arbre produit alors un excès de résine qui englue une partie d’entre elles. Elles meurent de faim. Pour que l’arbre puisse faire cette production, il faut qu’il soit en bonne santé et non soumis à certains stress (vent, excès ou manque d’eau, trop forte insolation…)
Les parasites naturels en régression
L’abondance des chenilles en 2015 et 2016 demeure en partie inexpliquée, mais on peut considérer qu’elle est due au traitement des cultures et à la pollution générale de l’atmosphère qui affaiblissent les insectes parasites des chenilles tel le coléoptère Calosome. L’efficacité des parasites se voit l’année de la fin du cycle lorsque ils deviennent plus nombreux que les chenilles dont les populations s’effondrent brutalement.
Des nids visibles l’hiver
Les nids des processionnaires du pin sont particulièrement visibles l’hiver, car les chenilles atteignent de décembre à mars, le maximum de leur taille (3 à 4 cm de long). C’est à ce moment que les nids collectifs, ou bourses, sont les plus gros. Composés de fils de soie tissés autour d’un rameau de pin, ces nids forment une tente isotherme très efficace. C’est durant l’hiver que les chenilles mangent le plus, dévorant les aiguilles de pins la nuit, ce qui leur permet d’échapper à la plupart des oiseaux. Seul le coucou, qui arrive un peu tard en hiver, semble les apprécier. Il pioche dans les nids, mais ne les vide jamais complètement.
Le froid hivernal
Une des limites à son expansion est le froid hivernal. Les chenilles meurent par des températures répétées inférieures à -16°C. C’est pourquoi en altitude, le froid nocturne leur est fatal. Cependant à la faveur d’une bonne exposition au sud, on peut en voir jusqu’à 1600m. Mais avec le radoucissement climatique, tel que nous le constatons, en ce début 2016, les chenilles processionnaires résistent et decendent des arbres, formant une longue queue leu-leu pour s’enterrer en groupe et faire leur cocon, après une dernière mue.
Des poils urticants

Ce ne sont pas leurs grands poils qui piquent, mais de minuscules poils hérissés comme un fil de fer barbelé. Les chenilles les libèrent dans l’air lorsqu’elles se sentent menacées. Ces petits harpons peuvent pénétrer dans la peau et les muqueuses (nez, bouche, yeux) et leur poison occasionne de vives démangeaisons et parfois des réactions allergiques plus ou moins sévères. Consultation d’un médecin obligatoire dans ce cas, pour éviter les complications. Il est conseillé de ne pas toucher les chenilles à mains nues, ni de manipuler les nids à contre vent. Les nids contiennent les mues des chenilles (peaux mortes) qui conservent ces petites fléchettes empoisonnées. Un danger moins évident vient de la terre située au pied des arbres ou parfois à plusieurs mètres. La terre remuée, par les chenilles qui s’enterrent, contient également leur dernière mue avec leurs poils nocifs. Cela peut donc affecter un enfant qui joue au sol ou un animal (chien, chat) qui gratterait au mauvais endroit ! On ne peut détecter ces endroits qu’en suivant la procession qu’elles font pour se déplacer au sol.
Des arbres affaiblis
La processionnaire du pin s’attaque de préférence au pin noir. Elle mange aussi les aiguilles des pins laricio, d’Alep, maritime et sylvestre, rarement celles des cèdres. Leurs attaques répétées affaiblissent les arbres, mais ne les tuent pas. Par contre des études de l’INRA de Bordeaux, ont montré que si un arbre perd 50% de ses aiguilles, sa croissance est réduite de moitié et il lui faudra 3 ans pour retrouver un développement « normal ». L’impact pour le sylviculteur n’est pas neutre.
Que faire ?
Les attaques les plus massives ont généralement lieu en périphérie des boisements, surtout dans les expositions sud. Il est donc conseillé de planter un premier rideau avec des essences qui ne sont pas attaquées et de privilégier le mélange des essences dans les plantations. Ensuite il faut couper les nids à la fin de l’automne pour diminuer la charge sur la forêt.
L’échenillage
L’échenillage, prescrit dès une loi du 26 ventôse an IV (16 mars1796) a été rendu obligatoire par une loi de 1898, et consiste à couper les rameaux avec un sécateur ou un échenilloir, puis à les brûler pour tuer les chenilles mais aussi pour éliminer les poils urticants. Pour limiter les dégâts, il faut mettre des gants, un masque anti-poussière, une protection pour les yeux et bien sûr, travailler vêtu de pantalons longs et les bras couverts. Les traitements chimiques sont interdits. Les aspersions par hélicoptère avec des bactéries qui empêchent les chenilles de changer de peau (ce qui les fait mourir) ne sont pas sélectives et tuent indifféremment tous les insectes, y compris les auxiliaires qui permettent de limiter le nombre de chenilles. Il faut donc s’en remettre à la patience de la nature qui avec l’aide de ces insectes prédateurs des chenilles fera retomber la prolifération temporaire, …jusqu’à la prochaine crise de croissance. Ainsi va la vie.
E. Drouet & JP Jaubert


un papillon nocturne